À mesure que les grands arbres tombent sous la hache des bûcherons, les terres déboisées s'ouvrent à l'agriculture. Le sol des cantons de Rayside, Balfour et Morgan est particulièrement fertile et plusieurs travailleurs du Canadien pacifique choisissent de s'établir dans la région.
Comme les cantons ne sont pas encore subdivisés en lots et concessions les pionniers peuvent choisir les terres qui leur conviennent, marquer les arbres et commencer à défricher. Une fois la région divisée en lots et concessions, la loi leur permet d'acheter les terres qu'ils ont défrichées et mis en production; ils doivent se rendre au Sault-Sainte-Marie pour les enregistrer. Parmi les premiers à enregistrer des terres dans le canton de Rayside on retrouve les noms de Carrière, Trottier, Blais, Bélanger, Dumais et Coyne.
Le sol du basin nickelifère où se trouve Rayside-Balfour offre une terre jaune plus sablonneuse que l'ensemble du district. Ce sol fertile et drainé naturellement convient particulièrement à la culture des patates et à la culture maraîchère. Grâce à la qualité du sol, et à la volonté constante d'améliorer les méthodes de culture, un demi-siècle suffira à transformer Rayside-Balfour en une région agricole prospère. La qualité des pommes de terre de semence du canton de Morgan est bientôt reconnue à l'échelle nationale.
Si plusieurs pionniers ne récoltent que les légumes dont ils ont besoin pour leur famille, d'autres s'adonnent à la culture maraîchère et alimentent le marché Borgia à Sudbury. Les fermiers dont les terres sont plus argileuses préfèrent la récolte du foin et de l'avoine que l'industrie du bois et les fermes d'élevage du district consomment en grande quantité.
Melchior Marcotte, arrivé dans la région à la fin du XIXe siècle, est l'un des premiers à devenir fermier-laitier. Il aura à s'adapter à de nombreux changements car c'est à cette époque que les règlements sur la pasteurisation du lait, et la stérélisation des bidons et bouteilles à lait sont mis en vigueur. Comme les autres fermiers-laitiers de la région, il envoie une bonne partie du lait aux beurreries, fromagerie et laiteries de Sudbury, Levack et Verner. M. Marcotte est aussi boucher. Il construit un abattoir pour le gros bétail au nord de sa ferme sur la rivière Whitson.
Le développement du mouvement coopératif vient prêter main forte aux cultivateurs de Rayside-Balfour. Les fermiers s'associent d'abord pour l'achat des semences, des engrais et des machines agricoles, puis pour la ventes des produits. La formule coopérative donne naissance à l'Association des cultivateurs des districts de Sudbury et du Nipissing dont le bureau-chef est à Chelmsford. Puis vient l'Union catholique des cultivateurs franco-ontariens affiliée à une coopérative de Toronto. Leur chiffre d'affaire ayant pris de l'importance, les cultivateurs de Chelmsford forment la Coopérative de Chelmsford.
L'augmentation de la population qui accompagne le développement de l'industrie minière assure un marché pour les produits des fermes. Cependant, les cours de frittage et les hauts-fournaux de Copper Cliff déversent un souffre néfaste sur les campagnes environnantes. Éventuellement, les cultivateurs réussissent à obtenir une compensation des compagnies minières pour les dommages aux récoltes, mais la procédure est longue et aléatoire. Entre 1925 et 1928, de nombreux fermiers vendront leurs terres à la compagnie minière Treadwell-Yukon et opteront pour la vie citadine.
Information compilée à partir de Chelmsford 1883 -1983, Région-agricole Sudbury-Nipissing, et Azilda comme je l'ai connu.